Nous utilisons souvent le terme "zen" de manière prosaïque, pour désigner une attitude ou un environnement relaxant, associé au bien-être, au calme, aux couleurs paisibles et aux bâtonnets d'encens.
Pourtant, les enseignements du Bouddhisme zen et la méditation zen recouvrent une réalité bien plus complexe. Pour sortir de la banalisation du concept, La Clairière vous propose dans cet article de faire le point sur cette pratique méditative.
Le Zen est un courant du Bouddhisme qui a vu le jour au Japon au début du 13e siècle. Le terme se traduit par méditation et vient du sanskrit, une langue indienne dans laquelle sont rédigés de nombreux écrits hindous et bouddhistes. Le Zen se distingue des autres courants bouddhistes par l'accent mis sur la pratique de la méditation. C'est pourquoi ce courant est également appelé bouddhisme de méditation.
Les textes sacrés, qui existent dans le bouddhisme classique ne tiennent que peu de place dans la tradition japonaise. C'est pourquoi on la considère souvent comme une philosophie plutôt que comme une religion. Aujourd'hui, les pratiques sont adoptées par de nombreuses personnes dans le monde entier, sans distinction de confession ou de foi. Il ne s'agit pas d'acquérir des connaissances ou des croyances particulières, mais de pratiquer la méditation.
Dans le Bouddhisme, l'enseignant ou le maître spirituel joue un rôle central, en initiant ses élèves aux méthodes de la méditation assise, ou zazen, et à la profondeur de la concentration.
Outre les monastères zen, il existe dans de nombreuses villes des dojos zen japonais, où l'on peut apprendre et approfondir les méthodes du bouddhisme, travailler la posture et la respiration en groupe.
Le Zen est une forme dépouillée de Bouddhisme, en accord avec l'austérité de la pensée spirituelle japonaise. Voici ses principaux concepts.
L'objectif du Zen est d'apprendre à vivre ici et maintenant, libéré de toutes les pensées, émotions, morales, concepts et modèles de comportement. Pour connaître une forme d'illumination, appelée satori, il convient de prendre du recul par rapport à aux sentiments, aux pensées et aux émotions.
Ce recul est obtenu grâce au zazen, une forme particulière de méditation. Cette pratique vise à la pleine conscience.
Le pratiquant se focalise sur la situation telle qu'elle est, sans la juger, pour parvenir ainsi à un état de calme mental, de vide et de silence. Le satori (éveil) est décrit comme une libération de soi-même ou encore comme un sentiment positif de vide.
La technique de méditation la plus importante dans Zen est le zazen, que l'on peut traduire par méditation assise (Za= assis, Zen= méditation). Dans le zazen, il ne s'agit pas de méditer sur un thème particulier.
L'accent est mis sur la respiration et la posture. Le zazen est une forme de méditation simple et efficace, qui convient particulièrement aux débutants en raison de sa simplicité. Tout le monde peut apprendre la méditation zen, il suffit d'avoir de la patience et de la volonté.
Du moins en apparence... Car le zazen n'est pas aussi simple qu'il y paraît. La pratique est dépouillée, et donc facile à apprendre. Mais le concept a une réelle profondeur, qu'il faut parfois des années de pratique pour atteindre. Dans les monastères japonais, les moines pratiquent le zazen des heures durant.
Néanmoins, on peut parfaitement profiter du zazen au quotidien, sans poursuivre un but aussi exigeant. Le zazen aide à échapper à l'agitation de la vie moderne. Il permet de retrouver le calme, d'apaiser les soucis, d'améliorer la position du corps, de lutter contre le stress.
Grâce aux méditations en zazen, il est plus facile de prendre du recul par rapport à ses propres pensées et de les laisser passer.
Dans le Zen, kinhin désigne la pratique de la méditation en marchant. Cette activité prend généralement place entre deux séances de zazen, pour permettre au corps de se détendre et activer la circulation du sang dans la colonne vertébrale et l'ensemble de l'organisme.
Le pratiquant maintient la concentration et la conscience méditative. Dans le kinhin, on marche au rythme de la respiration et on se concentre sur les sensations du corps et surtout sur les différents pas.
Les mains se trouvent dans une position spéciale appelée shashu : la main droite entoure le poing gauche, le pouce gauche étant placé à l'intérieur du poing gauche. Les mains touchent la partie du corps en dessous de la cage thoracique, à peu près à la hauteur du plexus solaire.
Le pratiquant détend les épaules, redresse son torse, étire la nuque, rentre le menton et baisse le regard.
Si vous vous intéressez à cette pratique, vous pouvez acheter un livre consacré la méditation zen. Maître Taisen Deshimaru, en particulier, a largement contribué à populariser la pratique en Occident, tout en essayant de faire percevoir dans ses textes l'essence si particulière du zazen. Son influence en la matière est essentielle.
Sans viser à la précision et à la pertinence des propos d'un Taisen Deshimaru, nous vous proposons ci-dessous quelques pistes pour explorer la méditation zen. Comme nous l'avons vu, il s'agit de deux méditations formelles, le zazen, pratiqué assis, et le kinhin, en marchant. L' attention dans les tâches quotidiennes est également requise.
Le zazen est facile à intégrer dans la vie quotidienne. Il faut avant tout créer le bon environnement. Le lieu idéal est calme et vous évite d'être distrait. Il est aussi apaisant. On peut utiliser des bougies, de l'encens ou des objets sacrés.
Mais tout cela n'est pas obligatoire. On peut faire quelques essais, pour voir ce qui marche le mieux. Pensez à porter des vêtements confortables. Tout ce qui serre est à éviter. Eteignez le téléphone.
Une posture stable et confortable est essentielle. Vous pouvez adopter l'assise du demi lotus si vous êtes assez souple. Sinon, une posture en tailleur convient parfaitement. Le lotus complet, inspiré du Bouddha, est à réserver aux pratiquants confirmés.
En position du lotus, on pose les deux pieds sur l'autre cuisse. En position de demi-lotus, on pose le pied gauche sur la cuisse droite et le pied droit à l'intérieur de la cuisse gauche. L'objectif de la posture est de bloquer le bas du dos et d'assurer une station droite, favorisant la pleine conscience.
Au début, on peut s'asseoir en tailleur, sur les talons ou tout simplement sur une chaise, en veillant à ne pas appuyer le dos, mais à le garder droit. Normalement, le pratiquant doit conserver la posture sans se gratter ou bouger nerveusement.
Les mains sont jointes sur les genoux, paumes vers le haut. Les yeux sont maintenus à moitié ouverts, le regard vers le sol. Dans les monastères, il est de coutume de méditer face au mur. On détend la mâchoire et les muscles du visage.
Le travail sur le souffle est central dans le zazen, conformément aux enseignements du Bouddha. Le pratiquant prend conscience de sa respiration, qui se fait exclusivement par le nez. Il fait attention aux sensations, à la manière dont l'air entre et sort des poumons et des narines. Il suit la respiration tout en pratiquant la concentration sur la posture.
Durant cet exercice, on ne pense à rien d'autre. La difficulté consiste à maîtriser les pensées qui fusent de partout. On peut alors, comme le Bouddha l'a enseigné, se contenter d'observer les pensées qui passent dans l'esprit sans les retenir.
Après le zazen, il est important de ne pas se lever trop brusquement, mais de rester dans la posture pendant un moment, puis de commencer à bouger le corps lentement, d'abord les doigts, puis les mains. Prenez le temps qu'il faut et revenez lentement à la réalité en ouvrant les yeux.